Alice au pays des merveilles regroupe plusieurs thèmes, qui sont à priori les mêmes pour les deux longs métrages, en revanche la façon d'aborder les thèmes est différente.
Lewis Carroll introduit le thème de la perte de l’innocence, on le constate au fil de l’œuvre, par le changement perpétuel de taille de Alice, à chaque fois que sa taille n’est pas adapté au lieu, un événement se produit pour que celle-ci convienne comme quand elle boit le contenu d’une fiole pour rapetisser pour pouvoir passer par la porte (chapitre 1) ou quand elle est réfusée d’entrer dans le tribunal car sa taille dépasse la limite comme dit l’ « ordonnance quarante-deux. Quiconque mesure plus de mille six cents mètres est tenu de quitter le tribunal » (p271), elle ne peut donc pas être jugée comme une enfant, elle a donc réussit son voyage initiatique qui l’a mené à l’âge « adulte ». Toutes ces transformations physiques sont aussi dans le film de Walt Disney, on constate ses changements physiques lorsqu’elle doit boire la fiole, manger les côtes du champignon, manger une carotte ou un gâteau et chez Burton quand elle boit la fiole sur la table ou celle du chapelier et le gâteau du lapin. Ces transformations de taille montre que malgré la trahison de son corps et son esprit elle a réussit à devenir adolescente et a donc perdu son innocence enfantine.
Lewis Carroll aborde dans son livre le thème de la renaissance c’est à la fin de son « rêve », qu’on constate que Alice a terminé son périple et a atteint l’âge de adulte, la maturité elle l’acquis lors de son périple au monde merveilleux qui représente la période difficile de la transformation des enfants en adultes. Ce thème est aussi repris dans l’œuvre de Tim Burton à travers Alice à plusieurs passages lorsqu’elle apparait dans l’encadrement de la porte dans l’incipit du film, cela nous donne une impression de renaissance ou encore lors de la fin de sa chute du tunnel elle se retrouve dans la salle où a gravité est inversée, son objectif consiste à se reconstruire tout en trouvant un juste équilibre pour devenir adulte. Le film de Walt Disney exploite aussi ce thème et également la même mise en scène que Burton lors de sa chute dans le tunnel, elle arrive dans une pièce où la gravité règne et où elle doit retrouver son équilibre pour renaitre.
Le dernier thème commun aux 3 œuvres est celui de la mort, ce qui parait évidant car pour avoir renaissance il faut la mort. Lewis Carroll met en place le thème de la mort dès le premier chapitre quand Alice se retrouve dans une situation dangereuse, il la met face au danger lorsqu’elle tombe dans le tunnel qui parait infini et qu’elle se demande ce qu’il va advenir d’elle. Mais aussi lors de sa rencontre avec la Reine de Cœur qui répète sans cesse « Qu’on lui coupe la tête ! », c’est à travers ses aventures qu’Alice se rend compte que la mort est omniprésente même au pays des merveilles. Ce thème est le dernier thème développé par Burton c’est à travers Alice qu’on le voit comme dans l’incipit durant le couché d'Alice, l’image du père bordant sa fille extrêmement pâle et effrayé du cauchemar donne l’idée d'un prêtre sur un lit de mort. Le thème de la mort apparait aussi à une scène clé celle de l’interminable chute d’Alice, durant sa chute Alice se heurte à différents objets qui sont des symboles (bibliothèque : savoir, lampe : intelligence) mais celui qu’on retient est celui d’un lit de mort qui représente évidemment la mort. Le thème de la mort n’est pas aussi frappant chez Disney (peut être dû à la tranche d’âge du public visé) on peut l’apercevoir quand même lors de la scène du Morse et du Charpentier quand les huitres quitte leur mère pour l’inconnu, elles sont confrontés au danger et elles en meurent vu qu’elles sont dévorés par le Morse, mais aussi lors de la scène qui précède la fin quand elle refait tout le chemin à l’envers car elle est menacée de mort par la reine.
Chaque œuvre exploite un thème que les deux autres n’envisagent pas dans leur réalisation.
Chez Lewis Carroll, le thème de la sexualité semble apparaitre, ce qui devrait être évident car c’est une étape qui fait partie du voyage de l’adolescence à l’adulte. C’est lors de la rencontre d’Alice et de la chenille sur le champignon au chapitre 5 que l’on trouve ce thème, la chenille explique que les côtés du champignon peuvent soit le faire grandir ou soit la faire rapetisser, on en déduit que pour être mature, elle doit passer l’expérience sexuelle. La sexualité est représentée par le champignon qui nous fait penser à une forme phallique mais aussi on peut constater que les champignons sont vénéneux donc que cette expérience ne doit pas être vécue trop tôt car elle peut être dangereuse.
Le thème qu’aborde Tim Burton est celui de la théâtralisation il est présent durant l’intégralité du film, on aperçoit dès la première image une fenêtre close par des barreaux et des rideaux, ce qui nous laisse supposer que les personnages sont enfermés dans ce monde qui est un théâtre avec les rideaux rouges qui rappelle une scène de théâtre. Mais aussi Burton impose son thème à chaque apparition de la Reine Rouge qui est entourée de rideaux rouges encore une fois puis derrière elle apparait un vitrail bleu qui est un trompe l’œil souvent utilisé dans les décors de théâtre, de plus elle est mise en hauteur comme si elle était exposée au public comme si elle donnait une représentation.
Quand à Disney, le thème uniquement exploité est la vision du totalitarisme avec la caricature de la Reine de Cœur (Grosse, grotesque et bruyante). Alice apprend les règles de la politique et de la bienséance en monarchie lors de sa rencontre avec la rein de Cœur. Pour commencer elle lui apprend que le souverain a toujours raison. Puis le fait que la reine requière des exécutions aurait un côté stalinien qui fait référence aux procès de Moscou (années 30) dont le mot d’ordre était « La sentence d’abord, le verdict ensuite ». Enfin le passage où les cartes doivent peindre les roses blanches en rouges fait allusion au village de Potemkine.
(The Advice of a Caterpillar)